Transport maritime et GNL : sept poids lourds cherchent à réduire les fuites de méthane

 

C’est l’un des grands reproches fait à l’utilisation du gaz naturel liquéfié (GNL) comme carburant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Certes, par rapport à un carburant traditionnel, il permet de réduire significativement voire d’éliminer les émissions d’oxydes de soufre (SOx), d’oxyde d’azote (NOx) et de particules fines, c’est à dire les rejets nocifs pour la santé. Il réduit aussi, dans une moindre mesure toutefois, les émissions de dioxyde de carbone (CO2). Mais il peut conduire à des fuites de méthane qui contribuent fortement au réchauffement climatique.

Ce « methane slip » se produit lorsque la combustion du GNL est incomplète. Pour tenter d’y remédier, alors que le nombre de navires au GNL augmente de 20 à 40% par an, une coalition baptisée la Methane Abatement in Maritime (MAM – réduction du méthane dans le maritime) réunissant le Lloyds Register, MSC, Maran Gas Maritime, Carnival Corporation & Plc, Seaspan, Shell et le groupe Knutsen, a lancé un initiative pour « identifier, accélérer et défendre des solutions technologiques » afin de « mesurer et gérer les émissions de méthane ». En effet, des technologies sont en cours de développement pour éviter ces fuites en améliorant la combustion des moteurs ou en traitant les gaz d’échappement. Par son travail, la MAM veut « minimiser l’impact environnemental du GNL dans le transport maritime, tout en facilitant la transition vers les futures solutions de carburant ». Le programme va être dirigé par le Safetytech Accelerator de la société de classification Lloyd’s Register et doit s’appuyer notamment sur l’expertise d’universitaires et de la société civile. Il cherchera à trouver des outils pour évaluer l’étendue des émissions de méthane.

Puis, il identifiera des solutions pouvant aider l’industrie à les réduire afin de déterminer si «  le biométhane liquéfié (LBM) et le méthane synthétique liquéfié (LSM) sont des carburants viables pour aider à atteindre les objectifs de décarbonation de 2050 ». Pour rappel, le méthane a un potentiel de réchauffement bien plus élevé que le dioxyde de carbone. Il est déjà le deuxième gaz contribuant au réchauffement climatique après le CO2. Dans une cinglante série de rapports, la Banque mondiale avait épinglé en 2021 l’utilisation du GNL, privilégiant l’usage de l’ammoniac et de l’hydrogène. S’interrogeant sur la réalité de son rôle de carburant de transition, elle s’inquiétait de l’impact des fuites de méthane. Les partenaires de la MAM arguent qu’ « à ce jour, il n’existe pas de méthodes mondialement reconnues pour mesurer les fuites de méthane – avec un manque de données et d’outils disponibles contribuant au problème ».

Source: Mer et Marine