Méditerranée : « Les déchets en mer, c’est de pire en pire », constate Anaëlle du Projet Azur, deux ans après sa première aventure
8 septembre 2022
8 septembre 2022
Samedi matin, sur la plage (dans les roches) de Coco Beach, une vingtaine de personnes étaient équipées de sac et de gants pour « dépolluer le littoral ». En plus de cette équipe « terrestre », Philomène le Lay, sous l’eau, et Solène Chevreuil, sur l’eau, chassaient également les déchets dans cet endroit très apprécié de Nice pour la beauté du paysage.
Ces deux « éco aventurières » sont parties de Menton la semaine dernière accompagnée d’Anaëlle Marot et vont longer la Méditerranée jusqu’à Marseille en kayak et à la nage puis à vélo jusqu’à Cerbères. Le but de ce périple du collectif Projet Azur ? Sensibiliser à la protection du cycle de l’eau avec des ramassages une fois par semaine dans les « villes étapes ».
« J’ai trouvé un enjoliveur et un rétroviseur », s’exclame Viviane, bénévole de l’association Nice Plogging, présente pour aider les trois jeunes femmes. « Tu vas bientôt pouvoir faire une voiture », lui répond en riant Philomène. De son côté, elle a récupéré une espadrille et des chaussettes en plongeant. Mais ce qu’elle a retrouvé le plus, « ce sont les déchets de fin de soirée comme les mégots et les bouteilles de boissons alcoolisées », souffle cette illustratrice qui a déjà parcouru la Loire à la nage et à vélo. « J’ai eu du mal à enlever les capsules de bière accrochées sur les oursins », raconte-t-elle.
C’est à la suite du rapport du Giec mais aussi de « tous ces événements catastrophiques » qu’elle a vraiment décidé de se lancer dans l’aventure. Avec ces actions de science participative de cette troisième édition du Projet Azur en Méditerranée, elle sensibilise ainsi à « la surchauffe de l’eau », qui a dépassé cet été de 5 à 6 °C des normales de saison.
« En étant dans et sur l’eau, on sert aussi à la communauté scientifique à récolter des données, indique la nageuse du groupe. La faune et la flore marines sont des bio-indicateurs, eux aussi nous donnent l’état de la mer. On a alors déjà constaté qu’avec le réchauffement de la Méditerranée, il y a une prolifération de méduses mais il y a aussi des espèces, comme le barracuda qui peut se retrouver dans ces eaux plus chaudes et devenir un prédateur pour d’autres poissons ».
Elle ajoute : « On ne se rend pas compte à quel point la mer est le premier poumon de la planète et qu’il faut du temps pour la régénérer. Et si on l’asphyxie avec tous ces déchets, on s’asphyxie nous-même en même temps ». En effet, 80 % des déchets marins proviennent des activités à terre, comme l’a rappelé Guillaume de l’association Wings of the ocean « Mission Sud », également présente lors de l’événement et qui a dépollué pendant deux mois la Côte de Sète à Nice, pour trier ensuite ce qui a été ramassé et récolter des données.
Anaëlle Marot, qui était passée à Nice lors de la première édition du Projet Azur, fait un triste bilan : « C’est de pire en pire en termes de déchets. C’est fou puisqu’il y a de plus en plus de personnes qui ramassent et pourtant, il y a de plus en plus de déchets. Et tout ce qu’on retrouve, c’est ce qui est produit, poursuit-elle. La mer est simplement le reflet de la société de consommation. C’est alors un cri d’alarme qu’on fait. On n’a plus le temps là ! » Selon elle, « la prise de conscience, elle est là, mais il faut que ce soit une vraie volonté politique pour que les choses changent ».
« C’est super ce qu’ils font, commente Yannick, une habituée des lieux, en regardant les bénévoles trier les déchets à la fin du ramassage. On vient ici tous les jours depuis 35 ans et on fait comme eux, à notre échelle, pour que cet endroit reste beau ». Son amie Stella ajoute : « On ne supporte pas de le voir salit de cette manière. Ce spot, on le considère comme la prunelle de nos yeux. »
Au total, sur les 12.000 m² que représente la plage de Coco Beach, 37,4 kg de déchets ont été ramassés en deux heures dont 7.500 mégots.