Sécheresse : état d’urgence en Italie

La péninsule est frappée en ce début d’été par une absence de précipitations après un hiver inhabituellement sec. Plus de 30 % de la production agricole est en danger et le secteur enregistre déjà des pertes de plus de 2 milliards d’euros. Le gouvernement a décrété l’état d’urgence dans cinq régions.

L’Italie est à sec. Pour faire face à la pire sécheresse depuis soixante-dix ans, le gouvernement a décrété lundi l’état d’urgence dans cinq régions du Nord et annoncé le déblocage d’un fonds de 36,5 millions d’euros. Le Conseil des ministres a approuvé l’instauration de l’état d’urgence en Emilie-Romagne, Frioul-Vénétie Julienne, Lombardie, Vénétie et dans le Piémont jusqu’au 31 décembre.

La péninsule est confrontée à une vague inhabituellement précoce de chaleur assortie d’une absence de précipitations. Un problème particulièrement aigu dans le nord du pays où le Pô, principal fleuve, a vu son débit chuter de 72 % ! Certaines zones du nord de la péninsule n’ont pas reçu de précipitations depuis près de quatre mois. Dans quelques jours, la Lombardie n’aura plus d’eau pour un usage agricole tandis que 90 % du territoire de la Toscane connaît une sécheresse extrême.

L’agriculture en danger

Le déficit de pluviométrie de plus de 50 % depuis le début de l’année concerne essentiellement le nord et le centre de l’Italie. Dans le delta du Pô, principale réserve d’eau pour les régions agricoles, le débit du fleuve est si faible que l’eau de la mer Adriatique remonte de plus en plus loin dans les terres, endommageant les cultures. Les rizières d’Emilie-Romagne sèchent littéralement sur pied.

Coldiretti, le plus grand syndicat agricole d’Italie, estime que la sécheresse menace plus de 30 % de la production nationale, et la moitié des élevages dans la plaine du Pô. Les dommages pour le secteur dépassent déjà les deux milliards d’euros.

Restrictions

Jusqu’à présent, les pouvoirs locaux des zones les plus touchées avaient agi individuellement. Plus de 200 municipalités et les régions concernées ont adopté des ordonnances au cas par cas avec de très sévères restrictions dans l’usage de l’eau. Les fontaines de nombreuses villes ont été désactivées, le lavage des voitures ou l’arrosage des potagers et des jardins a été interdit. Quant à la distribution d’eau potable, elle est souvent coupée de 23 heures à 6 heures.

Plan d’urgence

Le plan d’urgence annoncé par le Conseil des ministres prévoit la mise en oeuvre d’une vingtaine d’interventions structurelles prioritaires. Parmi celles-ci devrait figurer la lutte contre l’excessive déperdition des réseaux hydriques . L’Italie est à la fois le pays de l’UE qui consomme en moyenne le plus d’eau par habitant et celui qui enregistre le plus important décalage entre l’eau introduite dans ses réseaux et celle effectivement distribuée aux consommateurs ou aux entreprises agricoles. « On estime en moyenne à 30 % la déperdition d’eau avec des pics de 46 % dans le sud de la péninsule alors qu’elle n’est que de 3 % en Israël et de 5 à 8 % en Europe », s’est alarmé Mario Draghi .

Source: Les Echos