Pourquoi la mer est-elle salée?

Quand on se prélasse paisiblement dans la mer, en faisant la planche visage face au soleil, on en viendrait presque à oublier la teneur de l’eau sur laquelle on flotte. Du moins, jusqu’à ce qu’une vague imprévisible nous caresse un peu trop le flanc, faisant rentrer de l’eau dans nos narines, nos yeux et notre gorge. La bouche asséchée et les yeux rouge tomate, on se rappelle finalement à quel point la mer est salée.

Comment expliquer la présence de sel dans l’océan? Y en a-t-il toujours eu? Pourquoi y a-t-il alors de l’eau douce? Voilà quelques réponses à vos questions, de quoi mettre du sel dans vos conversations cet été.

4 milliards d’années

La présence de sel dans l’océan ne s’est pas faite en un jour, et pour comprendre ce phénomène, un petit retour en arrière s’impose. Enfin, pas si petit que ça: il faut tout de même rembobiner 4 milliards d’années, pour arriver à l’époque où la Terre n’était qu’une immense étendue où de multiples volcans s’adonnaient sans relâche à cracher des gaz dans l’atmosphère toute la journée.

Passé un certain moment, ces gaz volcaniques, riches en vapeur d’eau, auraient subi un refroidissement intense, provocant la formation des premiers nuages. Et qui dit nuage, dit aussi risque de pluie. Pourtant, ce n’est pas à une simple petite bruine qu’a eu à faire notre tout jeune globe terrestre, mais à un véritable déluge. À tel point que nos océans ont ainsi vu progressivement le jour, là où ces eaux pouvaient s’accumuler (au passage, vous venez donc aussi d’apprendre comme se sont formés les océans. De rien.).

Mais ces gaz libérés par les volcans n’étaient pas seulement composés de vapeur d’eau: ils contenaient entre autres du chlore et du soufre, qui se sont dissous dans les océans, notamment sous forme de sulfate, explique Science & Vie. Leur présence est l’une des raisons pour laquelle, encore aujourd’hui, les mers sont aussi salées. Mais c’est loin d’être la seule.

D’un autre côté, les pluies qui frappent les sols depuis des millénaires sont légèrement acides (pas assez du moins pour nous faire mal, rassurez-vous), en raison de la présence de gaz carboniques. Cette acidité érode physiquement les roches et arrache des sels et des minéraux sous forme d’ions, ce qui a pour conséquence de rendre l’eau salée. Par la suite, ces éléments chimiques ruissellent tout bonnement dans les rivières et les mers, avant de terminer leur course dans les océans.

L’eau douce, pas si douce

Pour celles et ceux qui vivent loin des mers, l’eau douce est sûrement plus familière. Elle n’en reste pas moins largement minoritaire par rapport à l’eau salée, qui représente environ 97% de l’eau qui recouvre la planète bleue. Et encore: seul 1% de l’eau douce se trouve sous forme liquide, dans les rivières et les lacs –les 2% restants sont présents sous forme gelée dans la calotte glaciaire, précise The Conversation.

Minute! On l’a vu, les sels dissous ruissellent dans les rivières et les fleuves avant d’atteindre les mers. L’eau douce n’est donc pas vraiment si douce? Dans un certain sens, non, étant donné qu’elle contient bel et bien un peu de sels dissous. Mais ce n’est rien comparé à l’eau de mer. Cette dernière en contient en effet près de 350 fois plus que l’eau de rivière moyenne. Ainsi, tandis que les grands fleuves ont une salinité de 0,1 gramme par litre, l’eau de mer, quant à elle, contient environ 35 grammes de sel dissous par litre. Comparaison faite, l’eau douce n’a donc pas volé son nom.

Comment toutefois expliquer cet écart de salinité entre mer et fleuve, par exemple? La réponse est simple. D’un côté, l’eau des fleuves ruisselle sur des roches lisses, dont les éléments ont déjà été arrachés; de l’autre, les sels dans les océans se sont accumulés sur des milliards d’années, en comparaison avec fleuves et rivières, où cette accumulation est nettement plus réduite dans le temps.

Et encore, tout ceci n’est rien par rapport à une mer en particulier, qui, niveau salinité, les supplante toutes. C’est la célèbre mer Morte, qui est en fait un lac, située entre Israël, la Cisjordanie et la Jordanie. Alors que le taux de salinité moyen des mers et océans de notre planète varie entre 2 et 4%, celui de la mer Morte grimpe jusqu’à 27,5%!

Le responsable? Le Jourdain, fleuve du Moyen-Orient, qui lui déverse près de 850.000 tonnes de sel par an, tandis que, dans le même temps, le niveau de la mer Morte baisse d’un mètre chaque année, ralenti par l’important détournement des eaux l’approvisionnant à des fins d’irrigation. C’est ce phénomène qui accentue toujours un peu plus la concentration de sel de cette étendue d’eau. Mieux vaut donc éviter d’y boire la tasse!

Source : Slate