Qu’est-ce que l’Ostreopsis ovata, l’algue qui fait fermer des plages

La présence de ce minuscule végétal était soupçonné sur les plages de Biarritz, Saint-Jean-de-Luz et Bidart, dans les Pyrénées-Atlantiques. Les municipalités concernées ont préféré fermer leur littoral aux plagistes par «principe de précaution», car l’organisme est toxique.

Un organisme ressemblant à un minuscule grain de pastèque a réussi à faire fermer les plages de plusieurs communes du Pays basque depuis dimanche soir. Il s’agit de l’Ostreopsis ovata, une algue toxique. Nous sommes encore peu habitués à elle mais elle s’incruste, comme d’autres algues invasives, depuis quelques années sur le littoral français. Et comme elle pourrait avoir des effets sur la santé des plagistes, «par principe de précaution, la ville de Biarritz, à l’instar d’autres villes du littoral (Bidart et Saint-Jean-de-Luz), a décidé de fermer la baignade sur ses plages», indique la municipalité sur sa page Facebook. Portrait-robot de l’algue mise en cause.

D’où vient-elle et comment la reconnaître ?

Constituée d’une seule cellule, l’Ostreopsis ovata est originaire des tropiques et se «développe dans des eaux chaudes, calmes, peu profondes et sur un littoral rocheux», selon l’association Surfrider, qui a rédigé un livret d’information à ce sujet en 2018. Les calanques et les criques sont des environnements favorables à sa prolifération. «Lorsque certaines conditions sont réunies, elle se multiplie massivement et forme des amas marron et gluants visibles à la surface de l’eau» et sur les fonds marins, explique Surfrider. Sa forte présence arriverait même à modifier le goût de l’eau, alors plus amère et à la saveur métallique.

Pourquoi se développe-t-elle en France ?

Observée pour la première fois en rade de Villefranche, à proximité de Nice, en 1972, l’Ostreopsis ovata est plus largement présente en Méditerranée, notamment chez nos voisins espagnols et italiens. Elle prolifère depuis les années 90 dans les régions tempérées. Elle a conquis cette zone d’une part parce qu’elle a voyagé grâce aux bateaux qui traversent les océans, d’autre part parce que la Méditerranée, en plein réchauffement, devient un habitat vivable pour elle. L’algue a été repérée pour la première fois à Biarritz mais elle a, par le passé, déjà fait parler d’elle à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques), dans les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes et en Corse.

Quels sont ses effets sur l’homme ?

En plus d’endommager le milieu marin, cette algue est néfaste pour les humains. «Les effets toxiques se limitent habituellement à des symptômes de type grippal tels que fièvre, toux, nausées, rhume, conjonctivite, troubles respiratoires. Les personnes atteintes n’ont pas forcément été en contact direct avec l’eau ; il suffit d’inhaler les gouttelettes transportées par le vent pour que les symptômes se manifestent», précise le site de l’Accord Ramoge, un instrument de coopération scientifique internationale pour la prévention et lutte contre la pollution du milieu marin, qui mène des recherches sur la toxicité de cette algue. Des démangeaisons ou des rougeurs de la peau peuvent aussi apparaître. Une sortie kayak en mer ou même une balade le long de la plage sont donc risquées là où cette algue pullule. «De manière générale, les symptômes disparaissent après quelques jours», rassure cependant Surfrider, qui précise que la consultation d’un médecin peut être nécessaire.

Mis à jour : les plages ont été rouvertes, les analyses menées par l’Agence régionale de santé (ARS) indiquant qu’il s’agirait finalement à Biarritz d’ostreopsis siamensis, une espèce cousine mais moins toxique que l’ostreopsis ovata. «Leur apparition en Méditerranée comme sur la côte Atlantique nous questionne fortement sur les dérèglements de la biodiversité dus au changement climatique et nous inquiète pour la santé des usagers de la mer», a réagi Surfrider auprès de Libération.

Source : Libération