Réchauffement climatique : comment nos petits-enfants vivront-ils à la fin du siècle dans le sud de la France ?
9 juin 2023
9 juin 2023
La Méditerranée est aujourd’hui un hot spot du changement climatique. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’impact est déjà très concret. Alors à quoi faut-il s’attendre dans les prochaines décennies ? Réponse dans le documentaire « Méditerranée 2100, un climat en mutation ».
C’est l’une des régions du monde les plus touchées par le réchauffement. En Méditerranée, l’augmentation de la température moyenne a déjà dépassé 1,5 degré depuis les années 1970 – contre 1,1 pour la planète. Et elle devrait atteindre 3 degrés d’ici la fin du siècle, voire 5 degrés selon le scénario pessimiste des experts du GIEC…
Dans ce contexte, le sud de la France est un laboratoire à ciel ouvert du climat de demain. Marquée ces dernières années par des phénomènes climatiques exceptionnels, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur concentre tous les risques.
Elévation du niveau marin, tempêtes, précipitations intenses, sécheresse, feux de forêts… Les conséquences sont déjà très concrètes, parfois tragiques, et il faut s’attendre à une intensification de ces phénomènes extrêmes dans les décennies à venir.
Alors, dans quelles conditions nos petits-enfants vivront-ils en Méditerranée en 2100 ? Marie-Anne Sorba et Jean-Marc Cazenave ont mené l’enquête, en s’appuyant sur les témoignages d’experts, de chercheurs, d’observateurs, partout dans la région.
Ce film, extrêmement documenté, donne à voir les mutations déjà à l’œuvre dans l’environnement méditerranéen et l’impact sur les activités humaines et la biodiversité. Il expose également les actions menées pour anticiper les risques et tenter de limiter les dégâts.
À travers les scénarios décrits par des scientifiques du CNRS, de l’INRAE, de Météo France, mais aussi les observations d’acteurs de l’environnement, comme les agriculteurs ou les pêcheurs, nous voilà projetés dans un avenir… tout proche.
Et l’on voit bien que le compte à rebours est déjà lancé. Du littoral aux glaciers alpins, en passant par les forêts et les cours d’eau, les scientifiques mesurent des changements rapides dans tous les écosystèmes.
Même si maintenant on stoppait complètement toutes les émissions de gaz à effet de serre, la température ne redescendrait pas, elle va rester pendant plusieurs siècles à la même valeur que maintenant. On a déjà enclenché des processus qu’on ne pourra pas stopper.
Joël Guiot, climatologue CNRS
Première grande conséquence du réchauffement climatique : l’augmentation du niveau de la mer. Un phénomène déjà bien visible en Camargue. « En l’espace d’un siècle, on a perdu 800 mètres de plage » constate Jean Jalbert, directeur général de l’institut de recherche La Tour du Valat.
D’ici à 2100, océanologues et climatologues prévoient une élévation d’un mètre environ ! Une hausse qui condamne à la submersion la Camargue et d’autres territoires.
Les pouvoirs publics et le Conservatoire du littoral cherchent des solutions d’adaptation, mais tout le trait de côte sera inexorablement modifié. A Marseille, Toulon et Nice, où vivent 80% des Provençaux, le coût d’adaptation des infrastructures comme les routes, les aéroports, l’évacuation des eaux usées, sera colossal…
Le documentaire explique aussi comment le réchauffement de la mer est à l’origine de précipitations extrêmes et d’inondations catastrophiques, comme celles qui ont frappé les Alpes-Maritimes en octobre 2020.
Le Rhône est également surveillé en raison des risques de crue liés à des épisodes méditerranéens plus intenses et plus fréquents à l’automne et au printemps.
Quant à la saison sèche, marquée par des canicules récurrentes, elle durera plus longtemps, augmentant d’autant le risque de feux de forêts dans les décennies à venir.
On sait qu’après les années 2050, une année de canicule comme 2003 deviendra la norme.
Florence Vaysse, référente nationale feux de forêts Météo France
Au pied de la Sainte-Baume, les biologistes de l’INRAE, qui mesurent depuis plusieurs années la surmortalité des pins, prédisent des mutations profondes de la forêt méditerranéenne et s’interrogent sur la capacité des espèces à migrer vers le nord, tant le réchauffement climatique s’accélère.
Le film nous emmène aussi en montagne : l’augmentation moyenne des températures y sera encore plus sensible avec la raréfaction de la neige, du gel et la disparition programmée des glaciers alpins. Ainsi, dans le Parc national des Écrins, les glaciologues prédisent la disparition du Glacier Blanc, le plus haut de la région, dans moins de 30 ans…
En aval, l’eau manque déjà pour les troupeaux dans les alpages, remettant en cause le mode de vie ancestral des paysans de moyenne montagne.