Que sait-on du volcan des Tonga qui a provoqué un tsunami dans le Pacifique ?

 
 
 
Hunga Tonga-Hunga Ha’apai. C’est le nom du volcan des îles Tonga, archipel situé dans l’océan Pacifique, dont l’éruption sous-marine a déclenché un tsunami samedi 15 janvier 2022. Décryptage du phénomène.
 
Le volcan Hunga Tonga est situé dans l’archipel des Tonga, au milieu de l’océan Pacifique. (Carte : Ouest-France)

Le volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’apai a de nouveau fait parler de lui ce week-end. Situé sur une île inhabitée du royaume des Tonga, il est en éruption depuis plusieurs semaines. Samedi 15 janvier 2022, l’une d’entre elles a déclenché un tsunami, mettant en alerte de nombreux pays bordant l’océan Pacifique. Des vagues de 1,2 m de haut ont frappé Nuku’alofa, la capitale des Tonga. Elles ont traversé l’océan, atteignant le Japon et le Pérou, où elles ont tué deux personnes. Elles mesuraient encore entre 20 et 60 cm en Californie, sur la côte Ouest des États-Unis.

« On croit que l’eau va éteindre le volcan, c’est l’inverse »

Le Hunga Tonga a fait parler de lui pour la première fois quand il est entré en éruption en 2009. À la suite d’une seconde éruption, survenue entre le 20 décembre 2014 et le 19 janvier 2015, un cratère a émergé entre deux îles qui forment sa caldeira : cela correspond au résultat d’une grande dépression créée par l’effondrement de la partie supérieure du cône d’un volcan à la suite d’éruptions intenses et rapides. Voilà pour l’explication technique.

Sur le terrain, des énormes volumes de roches et de cendres crachés, par le volcan, ont raccordé par le cratère deux îlots préexistants, donnant lieux à une nouvelle île : celle de Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, les noms des deux îlots en question.

Il est essentiellement sous-marin, et culmine à 114 mètres d’altitude. « Une éruption sous-marine quand elle est peu profonde, est très explosive. C’est le résultat du contact entre le magma et l’eau de mer, explique le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff sur son blogOn croit que l’eau va éteindre le volcan, c’est l’inverse. L’eau se vaporise et augmente l’explosivité du volcan. D’où une éruption très violente. »

 

Comme le montre cette image satellite, un panache de fumée s’est élevé au-dessus de l’archipel des Tonga après l’éruption du volcan sous-marin. (Photo : Reuters)

L’explosion de ce week-end a propulsé une colonne éruptive à 20 km d’altitude, jusque dans la stratosphère. La détonation a été entendue à près de 2 000 kilomètres de l’épicentre du phénomène. L’onde de choc a même été enregistrée en France !

Celle de samedi aurait parcouru la moitié de la terre. « C’est très impressionnant, mais il faut imaginer qu’en 1883, l’onde de l’éruption du Krakatoa, en Indonésie, avait fait 7 fois le tour de la planète, a tempéré Philipson Bani, volcanologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) au micro du média Nouvelle-Calédonie la 1èreOn a l’habitude de dire que c’est l’équivalent de 10 000 bombes atomiques ! » Soit un indice d’explosivité volcanique de 6 sur une échelle qui en compte 8.

Le bruit provoqué par le Krakatoa est le plus fort jamais enregistré sur terre. Le Hunga Tonga-Hunga Ha’apei est certes moins puissant, mais il a tout de même projeté son nuage de cendres très haut, dans une explosion si forte qu’elle a suscité des variations de pression atmosphérique sur tout le globe. Outre les cendres, le volcan a projeté du dioxyde de soufre, qui peut être dangereux pour la santé et l’environnement en retombant sur terre sous forme de pluie acide.

Un passé mouvementé

Le Hunga Tonga-Hunga Ha’apei semble avoir eu une vie mouvementée par le passé. « Les études montrent qu’il s’est construit sur une grande caldeira de 4 à 6 kilomètres de diamètre. Cela veut dire que ce volcan a déjà connu des éruptions gigantesques par le passé, a encore précisé Philipson Bani. Une éruption massive qui aurait eu lieu il y a 1 000 ans. »

Selon les premières études scientifiques, « c’est une séquence qui se produit tous les 1 000 ans, a expliqué à France Info Jérôme Aucan, directeur du Centre de la communauté du pacifique pour les sciences océaniques. L’île née en 2014 a littéralement explosé, ça implique que ce qui se trouvait sous l’île a aussi disparu, et c’est cela qui a provoqué le tsunami. »

Et de poursuivre : « Un tsunami qui a pris tout le monde de court. En fait les systèmes d’alerte sont faits pour détecter les tsunamis provoqués par les séismes, les plus fréquents, et pas ceux dus à l’activité volcanique, beaucoup plus rares. »

Les alertes ont donc été données par chaque pays au fur et à mesure de la progression de la vague. Par ailleurs, le nuage de cendres ne représente pas de danger pour la Nouvelle-Calédonie, il devrait « se diluer dans l’atmosphère dans les jours à venir et donner des couchers de soleil très colorés », indique encore Jérôme Aucan.

Dans les prochains mois, il est également très probable que des pierres ponces, poussées par les courants, arrivent sur les plages. Le volcan Hunga Tonga n’a pas fini de faire parler de lui.