Objectif zéro plastique et 10% d’aires de « protection forte » en Méditerranée dès 2030

Le lancement du Plan d’action pour une Méditerranée exemplaire en 2030 (PAMEx) en ouverture du Congrès mondial de la nature à Marseille est presque passé inaperçu. Pourtant, il fixe des objectifs ambitieux, dont atteindre 10 % d’aires sous « protection forte » et zéro rejet de plastique en mer sous 10 ans.

Alors qu’elle ne représente que 0,7 % de la surface océanique mondiale, la Méditerranée est l’une des mers les plus riches au monde en matière de diversité biologique, avec plus de 17 000 espèces recensées, soit 8 % de la faune et 18 % de la flore mondiales.

Pourtant la « Grande bleue » subit des pressions permanentes. Transport maritime, surpêche, forages en mer, tourisme, artificialisation du littoral et des fonds marins, décharges côtières et pollution marine sous toutes ses formes… Notamment la pollution aux micro-plastiques dont elle est la triste championne mondiale. Sans oublier les répercussions négatives des changements climatiques : élévation du niveau de la mer, désoxygénation et acidification des océans et la hausse de température des mers, facteurs majeurs de perte de biodiversité dans les océans.

40 % des espèces marines en déclin

D’après le rapport sur l’état de l’environnement et du développement en Méditerranée (RED 2020, Plan Bleu), la région méditerranéenne connaît une perte de la biodiversité marine parmi les plus importantes au monde : 40 % des espèces marines y sont considérées comme étant en déclin.

Alors que le Congrès mondial de la nature de l’UICN se déroule en ce moment à Marseille, il était normal que ce sujet soit au cœur des débats, dès son ouverture ce vendredi 3 septembre, avec le lancement du plan d’action pour une Méditerranée exemplaire en 2030 (PAMEx).

Objectif : aucun plastique rejeté en Méditerranée d’ici 2030

Érigé par huit nations méditerranéennes et cinq ONG, il propose 19 actions concrètes pour atteindre une série d’objectifs environnementaux d’ici la fin de la décennie. Le premier : préserver « collectivement 30 % de la mer Méditerranée dont 10 % en protection forte ». Dans la foulée de la présentation de ce plan au Congrès mondial de la nature, Emmanuel Macron annonçait lors de la cérémonie inaugurale que la France va porter les aires bénéficiant de « protection forte » à 5 % de son espace maritime en Méditerranée d’ici à 2027, contre 0,2 % actuellement, pour enfin atteindre 10 % en 2030.

Parmi ses autres grands objectifs, le PAMEx souhaite atteindre « zéro déchet plastique rejeté en 2030 » et développer le transport maritime durable.

La surpêche est également identifiée comme facteur de détérioration de la biodiversité. Un sujet brulant depuis déjà des années, et face auquel les accords internationaux et plans d’action se cumulent. À commencer par la déclaration MedFish4ever pour une pêche durable, l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État du port, l’Accord du Cap et l’Accord de 1995 relatif à la conservation et à la gestion des stocks de poissons chevauchants et des stocks de poissons grands migrateurs. Le PAMEx entend accentuer la pression pour « les mettre en œuvre ». Pour cela, il s’agira d’abord d’encourager les États du pourtour méditerranéen non signataires à s’inscrire dans ces objectifs.

Le tourisme dans le viseur

C’est une problématique que l’on connaît bien à Marseille : la pression exercée par le tourisme sur terre et en mer, jusqu’au cœur du Parc national des Calanques. Ce dernier multiplie les mesures pour contenir les afflux de visiteurs et les dégradations du milieu inévitables. Les mouillages des bateaux sont désormais interdits sur certains sites, alors que d’autres vont faire l’objet de jauges pour limiter l’afflux.

L’action n°3 du PAMEx entend « accompagner la transition écologique du secteur du tourisme pour soutenir un développement durable des pays de la région méditerranéenne ». Parmi les différentes mesures prévues dans ce sens, le plan entend « encourager la diversification des itinéraires pour atténuer les pressions exercées par le tourisme de masse, en particulier s’agissant des destinations très fréquentées, ainsi que par l’effet des saisons, afin de contribuer à une meilleure répartition des flux dans l’espace et dans le temps et par conséquent à une croissance plus durable et plus équilibrée du secteur, allant de pair avec une diminution des pressions exercées sur l’environnement et les communautés locales ».

Une idée déjà très encouragée localement. Alors que le Parc national a souvent des airs de parc balnéaire, la direction du site protégé a engagé une campagne de « démarketing » avec le soutien de l’Office métropolitain de tourisme de Marseille. Ce dernier a déployé 16 agents cet été dans le parc pour informer les visiteurs sur les autres activités, de nature ou non, que la région marseillaise propose, afin d’atténuer la concentration dans les Calanques.

Source : Made in Marseille