À propos de la série documentaire la Méditerranée révélée: la possibilité d’une mer protégée
14 juin 2023
14 juin 2023
Dans une très belle série documentaire, Thierry Ragobert et Emmanuel Roblin montrent que, de Port-Cros au détroit de Messine, des solutions existent pour préserver Mare Nostrum. La Méditerranée révélée, un film à ne pas manquer, ce samedi 10 juin à 15 heures 15 sur Arte et sur Arte.tv.
Si la biodiversité de la Méditerranée est menacée, en particulier, bien sûr, par le réchauffement climatique, des solutions existent. C’est ce message d’espoir que font passer avec brio les cinéastes Thierry Ragobert (LesSecrets des fleurs sauvages, Natura Europa. Quand passent les oiseaux) et Emmanuel Roblin dans leur nouvelle série documentaire d’Arte, LaMéditerranée révélée. Une collection en trois épisodes (3 × 52 min) diffusés à la suite, dans laquelle est notamment filmé le cas exemplaire d’un paradis retrouvé : Port-Cros.
Comment est-il possible que la plus petite île de l’archipel d’Hyères (7 km2) soit devenue en soixante ans un formidable laboratoire de la biodiversité ? Comment expliquer qu’aujourd’hui, dans ses eaux cristallines, nage la plus grande concentration de mérous bruns de Méditerranée ? Une espère qui avait pourtant pratiquement disparu. Cette renaissance est due à l’homme, grâce à la création, en 1963, du parc national de Port-Cros.
Le biologiste et ancien amateur de chasse sous-marine repenti, Jo Hamelin, aujourd’hui âgé de 85 ans, symbolise à lui seul la capacité des humains à changer de comportement pour préserver la nature. À tel point qu’il a participé victorieusement au long combat pour faire interdire la pêche au mérou brun dans les eaux territoriales françaises. On le suit lors d’une plongée féerique, accompagné de son ami écologue marin Jean-Michel Cottalorda.
Les deux hommes sont accueillis par une nuée de petits poissons scintillants, des castagnoles dont la nageoire caudale fait penser à la queue des hirondelles. Puis une araignée de mer de belle taille semble saluer les visiteurs. Après avoir croisé plusieurs corbs, espèce presque disparue ailleurs, un premier mérou brun apparaît, puis de nombreux autres. Jo Hamelin évolue tout près de l’un d’eux dans une sorte de ballet amical. Tout juste sorti de l’eau, le vieil homme ne cache pas son enthousiasme et son émotion : « C’est magique. C’est typique d’une aire protégée. C’est à la fois la taille des poissons, leur nombre et leur comportement. Tout cela change quand le poisson n’est pas perturbé, trop pêché. Il a alors des rapports avec le plongeur tout à fait calmes. Ça fait plaisir. Ça, au fil des années, des décennies même, je ne m’en lasse pas. C’est simplement de plus en plus beau je trouve. »
Lors d’une autre plongée, la spécialiste des écosystèmes marins Sandrine Ruitton nous fait découvrir les herbiers de posidonies. Ces plantes à fleurs aquatiques qui tapissent les fonds méditerranéens à la façon de vastes prairies immergées sont particulièrement prospères à Port-Cros. Elles permettent à toute la chaîne alimentaire de se nourrir. Ainsi, même des groupes de barracudas trouvent ici leur place sans mettre en péril les autres espèces. Un bel équilibre s’instaure. Ces herbiers sont les poumons de la mer, car, grâce à la photosynthèse, ils rejettent de l’oxygène en grande quantité. Chaque mètre carré en produit 10 litres par jour, soit deux fois plus qu’une même surface de forêt équatoriale.
Thierry Ragobert et Emmanuel Roblin nous font aussi découvrir la nécessité de protéger les cétacés locaux. Depuis 1999, France, Italie et Monaco ont signé un accord afin de les sauvegarder dans le nord de la Méditerranée. Cela en créant le Sanctuaire Pelagos. On embarque sur le voilier de l’océanologue Denis Ody, qui étudie notamment les rorquals communs, ces baleines de 20 mètres de long. « C’est l’espèce emblématique de la région, le deuxième plus grand animal de la planète, derrière sa cousine la baleine bleue », confie le passionné, qui déplore que, chaque année, entre 17 et 35 de ces mammifères meurent dans des collisions avec des navires.
Enfin, du côté du détroit de Messine, entre la Calabre et la Sicile, une autre scientifique, Eleonora de Sabata, appelle à une prise de conscience face au réchauffement des eaux. De nouvelles initiatives humaines sont plus que jamais nécessaires.