Méditerranée : La prolifération des méduses inquiète les Marocains

Après une invasion de méduses dans les côtes méditerranéennes, les plages marocaines sont à nouveau fréquentables pour les baigneurs. Zoom sur un phénomène cyclique dont l’intensité s’accentue.

Il y a quelques semaines, les estivants qui fréquentent les plages du Nord ont été obligés à prendre leur mal en patience, car les eaux de la côte méditerranéenne étaient infestées de méduses. Invertébrés marins, souvent urticants, les méduses peuvent provoquer des piqûres douloureuses pour les baigneurs. « Actuellement, la situation est revenue à la normale. Après la vague de méduses enregistrée il y a quelques semaines, les méduses ont commencé à disparaître petit à petit », explique Younes Baghdidi, président de l’Association Abtal Fnidek pour l’Environnement et la Plongée Sous-Marine.

« Il s’agit d’un phénomène qui n’est pas nouveau. Mais cette dernière vague a quand même été impressionnante par son intensité », fait remarquer le plongeur. Selon l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH), les premiers phénomènes d’apparition massive des méduses sur le littoral méditerranéen national ont eu lieu au début des années 90, notamment la prolifération de l’espèce « Pelagianoctiluca » en 1992.

Un phénomène qui s’intensifie

« Le phénomène a été suivi plus régulièrement depuis 2005, année où la même espèce a proliféré au mois d’avril. Le phénomène s’est estompé progressivement entre 2005 et 2007 puis a disparu complètement en 2008, pour réapparaître à nouveau au début du mois de mai 2011 », indique la même source.

La prolifération des méduses est d’ailleurs un phénomène qui ne se limite pas aux seules côtes marocaines. Plusieurs pays de la Méditerranée font face à la même situation qui perturbe par moments le bon déroulement des saisons estivales et qui, dans certains cas, porte préjudice au tourisme balnéaire local.

Au Maroc, ce phénomène fait l’objet d’un programme national mené par l’INRH afin de réaliser un suivi de la biodiversité, en général, et d’occurrence spatiale des taxons gélatineux, en particulier. Ce programme est appuyé par des observations scientifiques en mer (au large et sur le littoral) et des enquêtes in situ auprès des pêcheurs, des autorités civiles et de la population locale.

Des impacts sur divers secteurs

La prolifération des méduses enregistrée au début du mois de juillet n’a pas manqué d’occasionner plusieurs cas de piqûres chez les baigneurs. Le plus souvent rapidement et facilement soignées, ces piqûres sont cependant un véritable repoussoir qui, pendant les épisodes de prolifération, peut complètement gâcher la saison touristique d’une destination balnéaire. Car, si aucune des espèces de méduses qui vivent au large des côtes marocaines n’est mortelle pour l’Homme, elles n’en demeurent pas moins équipées d’un venin qui est injecté pour paralyser leurs proies naturelles à travers leurs tentacules couverts de filaments urticants.

L’impact de la prolifération des méduses ne se limite cependant pas au seul secteur des loisirs, car de nombreuses activités maritimes en Méditerranée se retrouvent parfois pénalisées par ce phénomène : ruine de pêcheries, perte massive de poissons dans des fermes aquacoles, quand ce n’est pas des sites nucléaires ou industriels qui sont forcés d’arrêter leur activité le temps d’évacuer les méduses qui bouchent leurs canalisations de refroidissement.

La prolifération accélérée par la pollution

Les méduses peuvent apparaître comme des êtres vivants plutôt gracieux. Leurs formes, mouvements, consistances et transparences peuvent fasciner, voire même apaiser un observateur. Ces animaux marins sont cependant une redoutable machine de l’évolution qui existe depuis plus de 600 millions d’années et qui a appris à survivre, même dans les milieux les plus inhospitaliers.

La pollution plastique par exemple profite doublement aux méduses puisqu’elle décime les tortues marines qui font partie de leurs prédateurs naturels, alors que les particules de microplastique servent de support à leurs polypes, leur permettant ainsi de mieux sillonner les eaux marines.

Comment lutter contre les dégâts occasionnés par les méduses ? Selon le biologiste marin Mustapha Aksissou, « il n’ y a pas de solutions miracle. Seuls peuvent faire la différence les efforts conjugués pour la sauvegarde de l’intégrité écologique de la Méditerranée, la conservation de la biodiversité et la lutte contre la pollution ».

Source : L’Opinion – Maroc