“L’Europe dispose du plus grand territoire maritime du monde” (Entretien avec Geneviève Pons et Pascal Lamy)

 

La France exerce pour six mois, entre janvier et juin 2022, la présidence du Conseil de l’Union européenne. Cette Europe continentale est-elle aussi — autant — maritime ?

Bien sûr ! L’Europe dispose du plus grand territoire maritime du monde, ce qui fait d’elle une puissance maritime incontournable. La France, deuxième domaine maritime mondial, derrière les États-Unis y est pour beaucoup. La France a ainsi fait de la dimension maritime une des priorités de la Présidence Française du Conseil de l’Union européenne (PFUE). Le One Ocean Summit, annoncé par le Président Emmanuel Macron en septembre dernier, s’inscrira dans ce cadre. En ce
sens, ce sommet constituera le lieu idéal pour mettre en valeur la Mission Océan qui a été approuvée par la Commission européenne le 29 septembre 2021. Cette Mission au sein laquelle nous jouons tous les deux un rôle clé[1], sera à la fois le plus solide pilier du One Ocean Summit et le garant de sa dimension européenne. C’est devenu la conviction des Commissaires européens Virginijus Sinkevičius et Mariya Gabriel à qui nous avons rendu visite en compagnie d’Olivier Poivre d’Arvor chargé par le Président de préparer ce sommet. Et c’est bien sûr la nôtre.

Quelle est, plus précisément encore, la contribution de la France à cette dimension maritime de l’Europe ?

Comme nous l’avons souligné, le domaine maritime de la France est immense. Notre pays est présent aux quatre coins du globe, dans le Pacifique, dans l’océan Indien, en Antarctique, en Amérique… Que ce soit dans les domaines de la recherche, de l’exploration, ou de l’innovation, la France est un acteur incontournable de l’échiquier maritime mondial. Nous pouvons citer bien sûr l’Ifremer[2] qui est un fleuron national, à l’origine de grandes aventures scientifiques mondiales, mais également un moteur de l’innovation pour l’économie bleue à l’échelle nationale et européenne. Sur le plan scientifique, impossible de ne pas évoquer les bases scientifiques que la France a établies en Antarctique, Dumont d’Urville ou Concordia que nous partageons avec l’Italie. Mais aussi les nombreux centres de recherche en outre-mer. Ces stations sont aux avant-postes pour étudier les effets des changements climatiques. L’industrie maritime française est également très dynamique, que ce soit dans les filières dites “traditionnelles” comme les transports, la pêche et le tourisme, ou dans les filières émergentes comme les énergies renouvelables ou les biotechnologies. Rappelons, en outre, que la Marine nationale assure la présence de la France sur toutes les mers du globe. C’est un atout majeur pour nombre d’enjeux géostratégiques. Soulignons, enfin, la qualité du travail mené par les ONG françaises. À titre d’exemple, la Fondation Tara ou Surfrider mènent des actions essentielles pour la conservation des écosystèmes marins et la sensibilisation du public. C’est forte de cet ADN maritime que la France a très logiquement décidé d’inscrire l’Océan dans les priorités de la Présidence française de l’Union européenne.

Quelles vont être plus précisément ces priorités concernant l’Océan ou que devraient-elles être selon vous ?

Nous ne connaissons pas encore officiellement, à ce jour, les priorités de cette présidence française (NDLR, cette interview a été réalisée début décembre 2021). Néanmoins, rappelons que plusieurs grandes dates sont d’ores et déjà au programme de l’Union européenne pour le premier semestre 2022, à commencer par la série d’événements internationaux dédiés à l’océan. Le One Ocean Summit de Brest sera le premier d’entre eux, il sera rapidement suivi par le sommet de Palau les 16 et 17 février 2022, puis par le sommet des Nations unies à Lisbonne en juin, pour n’en citer que quelques-uns. L’agenda législatif de la Commission européenne sera également chargé. Une communication conjointe de la Commission et du Service européen pour l’action extérieure sur la gouvernance internationale des océans est prévue d’ici juin 2022. Une proposition législative sur l’observation de l’océan qui visera à rationaliser et prioriser les activités des États membres en la matière, préfigurant ainsi le jumeau numérique de l’océan, devrait également être rendue publique d’ici la fin de la présidence française. Concernant la pêche, un plan d’action pour préserver la biodiversité et un rapport sur la mise en œuvre de la Politique Commune de la Pêche (PCP) seront également attendus.

Geneviève Pons, en tant que co-Présidente du Comité des parties prenantes de l’Ifremer et ancienne directrice de WWF Europe, que pensez-vous du feu vert donné par la France, dans son Plan d’investissement 2030, à l’exploration des grands fonds marins qui inquiète nombre d’ONG ?

C’est en effet préoccupant. Toutefois, une distinction doit être clairement faite entre exploration et exploitation. Le Comité des parties prenantes que je co-préside a d’ailleurs, lors de sa première réunion, retenu cette distinction fondamentale comme sujet à approfondir et à clarifier par l’Ifremer. À l’occasion de cette première réunion, nous avons pu visiter le tout nouveau « 70.8 » à Brest, un musée scientifique dédié à la technologie et à l’innovation maritime dont la conseillère scientifique siège au Comité des parties prenantes de l’Ifremer. Nous avons ainsi pu admirer l’extraordinaire biodiversité que recèlent les grands fonds marins. Cette profusion de vie est un trésor à découvrir et à préserver. La formation des nodules polymétalliques a demandé des millions d’années. Il faut pour le moins réfléchir avec soin avant d’envisager d’exploiter de telles ressources et fixer des limites claires pour éviter que l’exploration ne débouche sur des exploitations dommageables. C’est un des enjeux de la gouvernance mondiale des océans pour lesquels l’Union européenne aura un rôle à jouer à l’avenir.

Quels sont les autres États de l’Union européenne leaders sur le plan maritime ?

Citons en premier lieu le Portugal, qui a placé la dimension maritime au cœur de sa Présidence de l’Union européenne au premier semestre 2021. La Grèce, l’Allemagne, les Pays Bas, le Danemark ou encore l’Italie et l’Espagne sont également de grandes nations maritimes chacune dans leur domaine : pêche, transport et ports, exploitation offshore, énergie éolienne. N’oublions pas non plus la Norvège et le Royaume-Uni, qui bien que n’appartenant pas ou plus à l’Union européenne n’en sont pas moins des partenaires clés dans le domaine maritime.

Quelles sont, à ce jour, les grandes priorités de l’Union
européenne liées à la mer ?

Jusqu’à maintenant, l’Union européenne s’était essentiellement concentrée sur la nécessaire intégration de ses politiques maritimes, à travers en premier lieu l’adoption de la Politique maritime intégrée en 2007. Les préoccupations environnementales ont lentement mais sûrement infusé dans tous les pans de la politique maritime de l’UE, de la politique commune de la pêche révisée en 2012, à la stratégie « Croissance bleue » qui vise à assurer le développement durable
de l’économie bleue, en passant par les priorités de l’agenda pour la gouvernance internationale de l’océan. Toutefois, l’Europe bleue a besoin d’un nouveau souffle. C’est comme cela que nous avons considéré notre contribution au rapport Starfish 2030, qui a servi de tremplin à la Mission Océan. Désormais, un cap est fixé vers trois objectifs majeurs d’ici 2030 : élimination des pollutions, décarbonation de l’économie bleue, restauration des écosystèmes marins.

Geneviève Pons, dans quel état sont, à ce jour, les « eaux » européennes dont doit s’occuper la Mission Océan ?

Soyons francs, les eaux européennes ne sont pour la plupart pas en bon état. C’est d’ailleurs la raison d’être de la Mission, qui s’intitule précisément « Restaurer notre océan et nos eaux ». D’après l’Agence européenne de l’environnement, seules 40 % des eaux européennes de surface sont considérées comme étant en bon état écologique actuellement. 90 % de l’espace maritime européen est soumis à de multiples pressions dues aux activités humaines : les pollutions, le changement climatique, la surpêche, l’urbanisation… L’Europe est donc loin d’avoir atteint l’objectif du bon état écologique de ses eaux marines en 2020. Certaines pressions sont communes à tous les bassins, comme la pollution plastique, alors que certains dangers sont plus concentrés dans des régions particulières. L’impact des pollutions agricoles touche ainsi fortement la mer Baltique mais aussi les eaux bretonnes, comme nous le montre la prolifération des algues vertes depuis plusieurs dizaines d’années.

Pascal Lamy, quelles seront les premières actions concrètes de la Mission Océan pour 2022 ?

L’année 2022 sera essentiellement marquée par le lancement des projets phares de la Mission Océan. Le but de ces projets phares est de jouer le rôle de plateformes pour le développement, la démonstration et le déploiement d’innovations transformatrices de toutes sortes — technologiques, sociales, commerciales, de gouvernance — afin d’atteindre les trois grands objectifs de la Mission. Ils seront testés jusqu’en 2025, puis déployés dans l’ensemble des eaux et bassins européens dans une seconde phase qui prendra fin en 2030. Un des projets phares nous tient particulièrement à cœur de par notre implication annuelle dans le Forum mondial de la
Mer de Bizerte en Tunisie. Il s’agit du projet phare en Méditerranée, qui sera centré sur la prévention et l’élimination des pollutions, avec un focus particulier sur la pollution plastique, un des fléaux qui menacent Mare Nostrum et l’ensemble de ses rivages. Ce projet s’appuiera sur des réseaux existants, pour s’assurer de l’implication de nos nombreux partenaires tout autour de la Méditerranée, tels que l’Union pour la Méditerranée, l’Initiative BlueMed, l’initiative OuestMed pour l’économie bleue, la Convention de Barcelone pour la protection de la Méditerranée…

La Mission Océan va-t-elle travailler avec Copernicus, le programme européen d’observation et de surveillance de la Terre, et ses satellites Sentinel 3 et Sentinel 6 dédiés à l’observation des océans ?

Bien sûr ! Nous avons déjà travaillé ensemble lors de la rédaction du rapport. Notons que c’est une entreprise française, Mercator Ocean International qui met en œuvre le service marin de Copernicus, le programme spatial européen. Ce service fournit les informations satellitaires de manière gratuite, régulière et systématique sur l’état de l’océan dans toutes ses dimensions, à l’échelle mondiale comme régionale. La Mission Océan envisage d’aller encore plus loin dans l’amélioration de nos capacités d’observation et de connaissance de l’océan, avec la création d’un jumeau numérique de l’océan. La première étape pour aboutir à un tel projet consistera à coupler les données issues de Copernicus avec celles issues d’autres plateformes existantes comme EMODnet (essentiellement des données in situ).

Pascal Lamy, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce jumeau numérique de l’océan ?

Nous n’atteindrons pas les objectifs fixés sans le secours d’un certain nombre d’instruments. Parmi eux figure l’amélioration de la science, encore très imparfaite, et sa diffusion auprès des décideurs et des citoyens. C’est là qu’entre en jeu cette magnifique idée de jumeau numérique de l’océan. Il s’agit de mettre sur pied une représentation numérique la plus complète et holistique possible de l’océan permettant des simulations grâce à l’intelligence artificielle pour mieux prioriser les actions à mener. Pour cela, il faudra rassembler, coordonner, et augmenter les multiples bases de données, satellites et observations in situ qui existent déjà mais de manière dispersée, en Europe et dans le monde. La plateforme du jumeau numérique offrirait un accès libre et gratuit pour modéliser, explorer, découvrir et visualiser les conditions océaniques passées, actuelles et futures. Le public cible : tous les acteurs intéressés, que ce soit le secteur public, les entreprises, les ONGs, ou les citoyens.

« Garder le 1,5°C en vie ou à portée de main » a été le leitmotiv de la COP 26. Geneviève Pons, quelles principales conclusions tirez-vous de cette COP 26 ?

En effet, le 1,5° est « tout juste en vie ». Ma principale conclusion est que le Pacte de Glasgow[3] n’est pas à la hauteur du défi climatique auquel nous sommes confrontés. Même s’il y a eu des progrès significatifs, notamment en ce qui concerne les combustibles fossiles et le charbon. C’est la première fois qu’une décision des Nations unies mentionne les combustibles fossiles et le charbon, qui sont les principaux responsables des émissions à l’origine du changement climatique. Leur inclusion envoie un message fort aux investisseurs : c’est leur fin annoncée. Plus de 40 pays – dont de grands consommateurs de charbon comme la Pologne, le Vietnam et le Chili — ont accepté de renoncer au charbon, l’un des principaux générateurs d’émissions de CO2. Il y a eu aussi des engagements fort sur la fin des émissions de méthane et la déforestation. Avec la COP 26, les ambitions nationales ont été renforcées et nous constatons une certaine accélération du processus lancé à Paris. Mais il y a aussi des lacunes importantes dans le domaine du financement de l’adaptation et de la réparation des dommages. L’accord conclu lors de la COP 26 établit que le réseau de Santiago, un organisme qui vise à développer l’expertise pour faire face aux pertes et dommages, disposera de fonds pour soutenir l’assistance technique aux pays en développement en matière de pertes et de dommages. Mais pour répondre aux besoins de ces pays, le consensus ne suffit pas : il est essentiel d’identifier les financements nécessaires. Il faudra attendre l’année prochaine pour voir comment ces fonds seront gérés plus concrètement. La conséquence est que les besoins urgents des pays les plus vulnérables, qu’ils soient insulaires ou que leurs côtes soient au niveau de la mer ne sont pas couverts. Je voudrais rappeler que lors de la COP21, 80 représentants du WWF du monde entier se sont battus aux côtés de plusieurs partenaires comme les États insulaires pendant une semaine et ont gagné avec eux, dans les dernières heures, la mention de la limite de 1,5°C pour le réchauffement climatique. La survie de ces États en dépend mais aussi celle de nombreux milieux. À titre d’exemple, avec une augmentation de 2°C, il n’y a plus de coraux dans la mer. Avec 1,5°C, la perte n’est pas totale et l’espoir subsiste qu’ils croissent à nouveau, comme le souligne le rapport du GIEC.[4] Pour des ONG comme WWF, 1,5°C était le principal objectif de la COP21. Nous sommes heureux que le GIEC ait confirmé son importance. Le processus enclenché à Paris aurait dû déboucher vers des ambitions plus élevées. Il n’y est que partiellement parvenu.

Pascal Lamy, quelles sont les avancées pour l’Océan de cette COP26 ?

Les avancées en matière d’océan à la COP 26 sont encore trop timides au regard de l’urgence à agir, mais pas insignifiantes. En 2015, lors de la signature de l’Accord de Paris, l’océan était pour l’essentiel absent des négociations, alors même qu’il représente plus de 70 % de la surface de notre planète et qu’il constitue un immense réservoir de solutions aux problèmes de climat. La COP 25 de Madrid, en 2019 a été surnommée la « COP bleue » parce qu’elle a posé les jalons de l’intégration de l’océan aux négociations climatiques. La COP 26 semble l’avoir définitivement ancré. Une journée de la COP de Glasgow a été consacrée à l’océan et elle a notamment abouti à la signature de la Déclaration « Océan pour le Climat » par une centaine d’organisations de la société civile. Autre fait notable : le pacte de Glasgow pour le climat mentionne l’océan à plusieurs reprises, et ce dès le préambule.

Geneviève Pons, qui sont, au final, les bons et les mauvais élèves de cette COP26 ?

Les bons élèves sont tous ceux qui se sont engagés à atteindre la neutralité carbone, qui ont fixé les dates les plus rapprochées pour y parvenir, et qui ont mis en place les moyens les plus ambitieux. L’UE fait partie des bons élèves, avec toutes les mesures législatives incluses dans le paquet « Fit for 55 ». Les mauvais élèves sont ceux qui n’ont pas pris ce genre d’engagement — neutralité carbone, date et moyens — ou ceux qui ont refusé de mentionner le charbon dans le Pacte de Glasgow ou qui en ont édulcoré le vocabulaire. Mais nous devons également garder à l’esprit que tous les pays ne peuvent pas suivre le même rythme et que nous devons aider les moins bien dotés. Le financement de l’adaptation et des pertes et dommages est l’une des réponses.

Lors de sa quarantième réunion annuelle, en octobre dernier, la Commission sur la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) n’a pas obtenu le consensus nécessaire pour la création de nouvelles aires marines protégées en Antarctique. Quelle conclusion en retirez-vous ?

Effectivement, les aires marines protégées pour lesquelles nous nous battons au sein de la coalition Antarctica 2020[5] n’ont pas été désignées. Pour la cinquième année consécutive, la Chine et la Russie y ont opposé leur veto. Nous ne devons pas pour autant baisser les bras. Le rôle que joue la région dans la régulation du climat et les réseaux de biodiversité est trop important pour ne pas continuer à faire entendre notre voix sur ce sujet. Les derniers mois précédant la réunion de la CCAMLR en octobre ont été couronnés de succès pour la campagne de la coalition Antarctica 2020. Nous avons décroché des soutiens au plus haut niveau politique, auprès du Président Macron, mais également de la Présidente de la Commission Ursula von der Leyen, du Président du Conseil européen Charles Michel, du Premier Ministre espagnol Pedro Sanchez… Les deux réunions ministérielles menées par le Commissaire Sinkevičius — soulignons ici son solide engagement sur le sujet — en amont de la CCAMLR ont permis de rallier de nouveaux soutiens et ont, en ce sens, été très fructueuses. Force est de constater cependant que cela n’a pas été suffisant pour gagner le soutien de la Russie et de la Chine. Pour nous qui sommes engagés dans ce combat depuis plusieurs années, il est désormais clair que seule une décision au plus haut niveau permettra de lever les hésitations russes et chinoises. Nous appelons donc le Président Macron à porter notre cause directement auprès des Présidents Xi et Poutine dans le cadre de la Présidence Française du Conseil de l’Union européenne. Une lettre qu’il cosignerait avec d’autres grands leaders engagés dans le même combat pourrait être déterminante. Ce sujet sera de nouveau abordé à Brest en février.

Vous avez évoqué cette 4e édition du Forum mondial de la mer de Bizerte en Tunisie à laquelle vous avez participé en septembre dernier. Quel signal donne l’organisation de ce type d’événement de ce côté de la Méditerranée ?

Le Forum mondial de la mer de Bizerte, né d’une initiative d’Olivier Poivre d’Arvor, désormais Ambassadeur français pour les pôles et les enjeux maritimes, est une formidable opportunité de dialogue entre les deux rives de la Méditerranée. La vision de ce Forum pourrait ainsi être résumée en deux mots, « Mare Nostrum », ce sentiment millénaire d’appartenance commune qui unit les Méditerranéens de tous bords. La mer Méditerranée fait face à des défis environnementaux considérables, notamment en matière de pollution. Nous devons les aborder ensemble. Le projet phare Méditerranée de la Mission européenne doit associer les autres façades méditerranéennes pour avoir une chance d’aboutir.

L’Union européenne a annoncé, en octobre dernier, refuser l’exploitation et l’achat de gaz, de pétrole et de charbon originaires de l’Arctique. Qu’en pensez-vous ?

Nous ne pouvons que saluer cette annonce de l’Union européenne. Nous savons que la région arctique se réchauffe trois fois plus vite que le reste de la planète. La fonte des glaces arctiques, combinée au dégel du pergélisol — qui libère de gigantesques quantités de méthane, un puissant gaz à effet de serre — accélère considérablement le changement climatique. Comme vous pouvez l’imaginer, les répercussions sont particulièrement néfastes pour les populations autochtones ainsi que pour l’extraordinaire biodiversité qui peuple ces terres de glace. Avec le Pacte Vert, l’Union européenne ambitionne de devenir leader mondial dans la lutte contre le changement climatique. Dans cette perspective, il est donc plus que logique qu’elle refuse de contribuer à amplifier la catastrophe écologique, climatique et humaine en cours dans cette région du monde. Une région qui est européenne, à travers le Groënland — territoire associé au Danemark — et la Suède et la Finlande, qui s’approchent du Cercle polaire. C’est d’ailleurs tout le sens de la stratégie Arctique présentée par le Commissaire Sinkevičius et le Haut-Représentant pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, en octobre dernier (lire page 20).

Source: Marine & Océans