La dévastatrice pollution sonore dans les océans

Le bruit généré par les activités anthropiques altère l’équilibre de la vie sous-marine, mettant en péril la survie d’espèces animales comme végétales. Pour les scientifiques, il est urgent d’œuvrer pour la réduire ce phénomène.

Elle a beau être invisible, elle n’en est pas moins dévastatrice. La pollution sonore générée par certaines activités humaines, tels le transport maritime, la prospection sismique pétrolière et gazière, les activités militaires ou encore la construction d’éoliennes en mer, n’a eu de cesse de s’amplifier depuis le début du XXe siècle, bouleversant au passage l’équilibre des milieux marins. A ce jour, pourtant, aucune réglementation internationale n’existe pour limiter de façon contraignante les émissions de bruit dans l’eau.

« Dans l’océan, le son, c’est la vie : tous les habitants du milieu marin, faune et flore, en dépendent, explique Michel André, directeur du laboratoire d’applications bioacoustiques à l’université polytechnique de Catalogne, à Barcelone. Il n’y a aucun autre moyen de communication qui permette les échanges d’informations vitales sous l’eau, sachant que la lumière, par exemple, ne pénètre que de quelques mètres sous la surface. »

« Une agression constante »

Stress, changement d’habitat, altération du comportement, perte d’audition, arrêt du nourrissage… Les conséquences de la pollution sonore pour la vie sous-marine peuvent être graves. Dans les zones proches d’activités humaines intenses, il faut imaginer « un brouhaha constant, 24 heures sur 24, et aucune possibilité de s’isoler… C’est une agression constante », déplore le professeur André. Un peu comme si nous, humains, qui sommes très dépendants de la vision, devions subir en permanence des flashs de lumière blanche qui nous empêcheraient de dormir, de travailler ou tout simplement de nous sentir bien, illustre-t-il.