DÉCLARATION DE YAOUNDÉ :Promouvoir la Coopération régionale et la Gouvernance transparente pour une Économie Bleue durable dans le Golfe de Guinée

 

Préambule

Nous, les signataires, reconnaissant que le golfe de Guinée constitue l’un des écosystèmes marins les plus riches du monde, essentiel aux moyens de subsistance, à la sécurité alimentaire et au développement économique, félicitons le gouvernement du Cameroun et le président de l’Assemblée générale des Nations unies d’avoir convoqué cette conférence de haut niveau. Nous félicitons le gouvernement du Cameroun et le président de l’Assemblée générale des Nations unies d’avoir convoqué cette conférence de haut niveau, qui offre l’opportunité de renforcer la coopération régionale et d’accélérer la mise en œuvre des cadres mondiaux, notamment le Cadre mondial pour la Biodiversité (CMB) de Kunming-Montréal, la Convention des Nations unies sur le Droit de la Mer, l’Agenda 2030 et l’Accord de Paris.

Nous réaffirmons le Code de conduite de Yaoundé (2013) et les cadres de sécurité régionaux connexes, et nous nous félicitons de l’adhésion du Cameroun à la Charte mondiale pour la transparence dans les pêches. Nous reconnaissons le rôle vital de la pêche artisanale et des écosystèmes à carbone bleu et soutenons leur intégration dans les stratégies nationales en matière de climat et de biodiversité.

La présente déclaration est conforme à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, à la Stratégie maritime Intégrée africaine 2050, et à la Stratégie africaine pour l’Économie Bleue. Rappelons les principaux instruments juridiques régionaux, notamment la CEEAC, la CEDEAO, le COPAX et la Commission du Golfe de Guinée (CGG).

Défis et opportunités

Nous reconnaissons la forte dynamique politique en faveur d’une gestion durable des océans à 100 % à l’horizon 2030. Toutefois, nous restons préoccupés par la surpêche, la dégradation des écosystèmes, la piraterie, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) et la faiblesse des financements. Nous appelons à une plus grande coordination régionale, à la transparence et à l’intégration de la science et des connaissances traditionnelles dans la gouvernance des océans, ainsi qu’à une plus grande inclusion des femmes, des jeunes et des communautés côtières.

Nous reconnaissons que les Plans Océaniques Durables (POD) sont des instruments essentiels pour intégrer les priorités liées aux océans dans les agendas de développement nationaux et qu’ils sont complémentaires du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming et de Montréal, y compris l’Objectif 3 visant à conserver et à gérer de manière effective au moins 30 % des zones marines et côtières à l’horizon 2030. Grâce aux POD, les pays peuvent aligner la protection de la biodiversité avec l’action climatique, la sécurité alimentaire et le développement économique durable. À cet égard, nous saluons l’émergence de l’Alliance 100 % — une coalition croissante de pays engagés à gérer de manière durable 100 % de leur zone maritime — comme un mécanisme de soutien politique et technique pour aider les nations à opérationnaliser leurs POD et à progresser vers l’objectif 30×30.

Nous reconnaissons en outre que la mise en place d’une économie océanique résiliente et équitable passe par une gouvernance renforcée des ressources marines qui respecte les droits des petits pêcheurs et favorise la sécurité alimentaire. Nous soulignons en particulier l’importance de préserver les zones d’exclusion côtières, présentes dans la plupart des États côtiers du golfe de Guinée, des pratiques de pêche lointaine non durables. Une meilleure application de ces zones, ainsi que des régimes de licence et de contrôle plus transparents, sont essentiels pour garantir un accès équitable aux ressources marines, réduire les conflits entre utilisateurs et protéger les moyens de subsistance des populations côtières. Nous soutenons également le développement de pratiques d’aquaculture durables avec des espèces adaptées aux écosystèmes d’Afrique de l’Ouest, afin de renforcer la sécurité alimentaire et de diversifier les moyens de subsistance.

Ce faisant, nous mettons l’accent sur l’importance de l’équité et de l’inclusivité comme principes directeurs de la gouvernance des océans. Les voix et les connaissances de toutes les parties prenantes – y compris les petits pêcheurs artisanaux, les femmes, les jeunes et les communautés locales – doivent être intégrées de manière significative dans la conception, la mise en œuvre et le suivi des politiques. Ce n’est que par le biais de processus décisionnels participatifs et transparents que nous pourrons nous assurer que personne n’est laissé pour compte et que les bénéfices d’une économie océanique durable sont équitablement partagés entre les générations actuelles et futures.

Nous proposons que la CGG mette en place un mécanisme de suivi des progrès réalisés dans le cadre de cette Déclaration et nous demandons instamment un soutien international pour faire avancer la mise en œuvre. Dans un deuxième temps, nous encourageons la création d’un groupe de travail régional chargé de coordonner les efforts de mise en œuvre, de suivre les progrès réalisés et d’identifier les possibilités de renforcement des capacités, d’assistance technique et d’échange de connaissances.

Engagements

  1. Gestion durable des océans et PDO

Nous nous engageons à élaborer et à mettre en œuvre des plans pour la durabilité des océans (PDO) afin d’orienter l’utilisation durable, la protection et la restauration des écosystèmes marins et côtiers et de gérer 100 % des zones océaniques relevant de la juridiction nationale à l’horizon 2030, et affirmons que les PDO devraient s’aligner sur les SPANB, les CDN, les feuilles de route de l’économie marine et les plans de développement.

  1. Lutte contre la pêche INN

Nous nous engageons à renforcer la surveillance, l’exécution, les mesures du ressort de l’État du port et le partage des données pour lutter contre la pêche INN. Nous sommes favorables à un renforcement de la coopération avec les partenaires internationaux afin de combler les lacunes en matière de gouvernance.

  1. Sécurité maritime

Nous réaffirmons notre soutien à l’architecture de Yaoundé pour la sécurité maritime afin de lutter contre la piraterie, les trafics et les crimes contre l’environnement, y compris dans les zones situées au-delà des juridictions nationales.

  1. Transparence et gouvernance

Nous soutenons la Charte mondiale pour la transparence de la pêche et nous nous engageons à :

  • Mettre en place des registres numériques des navires ;
  • Publier des données sur les licences et les quotas ;
  • Promouvoir la traçabilité dans toutes les flottes ;
  • Améliorer le partage des données au niveau régional ;
  • Publier la propriété des navires.
  1. Financement, innovation et inclusion

Nous appelons à une augmentation du financement durable, des plateformes d’investissement régionales et des partenariats public-privé. Les stratégies de mise en œuvre doivent donner la priorité à l’égalité des sexes, aux jeunes, aux peuples autochtones et aux communautés locales.

  1. Renforcement des capacités et leadership

Nous soutenons la création d’un centre régional d’excellence à Yaoundé pour la formation, le dialogue et l’innovation sur l’économie bleue durable. Nous invitons les partenaires, les universités et les banques de développement à apporter leur soutien.

  1. Observation des océans et partage des données

Nous nous engageons à améliorer les systèmes d’observation des océans et les données en libre accès afin d’éclairer la planification marine, l’alerte rapide et l’application de la loi.

Nous invitons les Nations unies et la communauté internationale à soutenir la réalisation de ces priorités et proposons que la CGG mène des consultations en vue d’élaborer une loi type pour l’économie bleue durable. Nous appelons toutes les parties prenantes à soutenir la vision d’une gestion 100% durable des océans à l’horizon 2030.

 

Adopté à Yaoundé, le 10 juillet 2025