Contribution/Investir dans l’économie bleue : quand l’Afrique écoute la science et agit pour son avenir

 

Alors que la communauté internationale se réunit pour la COP 30 au Brésil, la science est sans appel : les océans se réchauffent, les côtes reculent et les écosystèmes marins s’épuisent à un rythme alarmant.

En Afrique, où trente-huit pays sur cinquante-quatre sont côtiers, ces bouleversements menacent nos économies locales et la sécurité de millions de familles.

Face à cette urgence, l’inaction n’est plus une option.

L’économie bleue n’est pas un concept abstrait : c’est une stratégie d’avenir fondée sur la connaissance scientifique, l’innovation technologique et une gouvernance responsable.

Elle offre la possibilité de bâtir une prospérité nouvelle — respectueuse de la nature, inclusive pour les populations et durable pour les générations futures.

Grand-Bassam, ville d’engagement et de dialogue

À Grand-Bassam, nous avons fait le choix d’écouter la science — mais aussi nos citoyens.

En tant que maire, j’ai souhaité que les décisions publiques s’appuient sur la participation des habitants. Ces cadres de dialogue initiés, aussi bien autour de rencontres citoyennes que des Conférences Jeunesse, permettent à nos jeunes d’exprimer leurs priorités, de proposer des solutions et d’imaginer leur avenir.

Ces échanges, menés sur des thèmes aussi variés que l’environnement, l’emploi, l’éducation ou la culture, nourrissent notre action municipale.

Ils ont révélé une génération consciente, responsable et désireuse d’agir pour un développement durable et inclusif. En donnant la parole à la jeunesse, nous donnons une voix à l’avenir.

Faire de la mer une alliée du développement

Notre avenir est lié à celui de la mer.

L’économie bleue, c’est la promesse d’un développement tourné vers les littoraux : pêche artisanale durable, écotourisme, énergies marines, transport lagunaire et formation aux métiers du littoral.

À Grand-Bassam, nous portons la volonté de bâtir un projet pilote d’économie bleue, à l’échelle locale, en synergie avec les acteurs nationaux et internationaux. Notre ambition est de démontrer qu’un littoral africain peut concilier croissance, inclusion et écologie — et qu’un modèle né sur la côte ivoirienne peut inspirer toute l’Afrique.

La mer ne doit plus être perçue comme un danger ou une limite, mais comme un moteur de prospérité et un levier de souveraineté.

Un double engagement : local et institutionnel

Mais notre engagement doit aller encore au-delà.

Grand-Bassam est aujourd’hui la seule ville ivoirienne dotée d’un Agenda 21, et nous sommes en train de finaliser un Plan stratégique de développement local intégrant un volet Agenda 21 pour le développement durable, en cohérence avec les engagements pris lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro.

Ce plan, dont le développement durable sera l’épine dorsale, intègre des actions d’atténuation du changement climatique à plusieurs niveaux de nos programmes municipaux : gestion des déchets, aménagement du littoral et de l’embouchure, mobilité lagunaire, valorisation des déchets plastiques, énergies renouvelables au profit de l’éclairage public et préservation de la biodiversité.

Parallèlement, au sein de la SODEXAM que je dirige , structure nationale en charge de la gestion du temps et du climat, des initiatives concrètes d’atténuation sont déjà engagées à travers nos politiques de responsabilité sociétale d’entreprise.

Nous modernisons nos infrastructures, réduisons nos émissions et développons des partenariats pour une météorologie plus verte, au service des politiques d’adaptation et de résilience. Mais pour aller plus loin, il faut un cadre clair, une vision partagée et une volonté politique forte.

Une gouvernance environnementale à réinventer

Les défis climatiques ne se relèveront pas avec des discours, mais avec une gouvernance fondée sur la responsabilité partagée.

Nos villes doivent désormais articuler la décision politique, la donnée scientifique et l’action citoyenne.

En tant que vice-président de la Coalition mondiale des Maires pour l’Océan, je plaide pour une gouvernance océanique africaine fondée sur trois piliers :

  • la science comme boussole ;
  • la jeunesse comme moteur ;
  • la coopération comme levier.

C’est à cette condition que nos politiques publiques deviendront des instruments d’anticipation et non de réaction, et que la Côte d’Ivoire bleue prendra toute sa place dans le concert mondial des nations durables.

L’océan, ce bien commun à défendre

Nos océans sont les poumons invisibles de la planète.

Ils ne réclament ni pitié ni panique, mais de la lucidité et du courage. La mer n’est pas une frontière : c’est un avenir.

Et cet avenir commence par un engagement clair : écouter la science, investir dans l’économie bleue et faire de la gouvernance environnementale une exigence nationale.

Mais au-delà des chefs d’État et des gouvernements, chaque entreprise, chaque collectivité, chaque citoyen doit agir à son niveau pour lutter contre les effets du changement climatique.

C’est par la somme de nos engagements, individuels et collectifs, que nous pourrons inverser la trajectoire et préserver l’essentiel.

Parce qu’en préservant l’océan, c’est notre humanité que nous préservons.

Source : Fratmat