Ce poisson a été filmé à une profondeur record, à 8 336 mètres sous le niveau de la mer

Rose et gélatineux, ce poisson de la famille des « limaces des mers » a été observé par une caméra scientifique à la profondeur record de plus de 8 kilomètres de profondeur, dans les eaux japonaises.

Il est mignon, non ? Ce poisson rose aux gros yeux a été retrouvé nageant tranquillement avec ses congénères à une profondeur époustouflante de 8 336 mètres sous le niveau de la mer, près du Japon, rapporte la BBC. On est loin des effrayants poissons noirs aux grandes dents que l’on pouvait s’imaginer régnant sur les abysses. Observer un poisson nageant à une telle profondeur, c’est un record. La découverte majeure a été réalisée dans la fosse d’Izu-Ogasawara, une longue crevasse de l’océan Pacifique qui rejoint la célèbre fosse des Mariannes. C’est là où le dernier record du poisson filmé à un niveau le plus « profond » avait été établi, à 8 178 mètres, en 2014, par la même équipe de chercheurs.

 

Une espèce inédite de poisson-limace

 

Il n’y a qu’un genre de poisson capable de vivre à une telle profondeur : il s’agit des Pseudoliparis, de la famille des « limaces des mers » ou Liparidae. Ceux qui ont été filmés à une profondeur record n’ont pas pu être pêchés pour être étudiés, mais quelques-uns ont pu être prélevés à 8 022 mètres. Il s’agit d’une espèce inconnue, identifiée comme Pseudoliparis belyaevi, soit différente du Pseudoliparis swirei déjà pêché dans la fosse des Mariannes il y a quelques années. Ces nouveaux spécimens sont les premiers à avoir été capturés à une profondeur supérieure à 8 000 mètres« Les tranchées japonaises étaient des endroits incroyables à explorer ; elles sont si riches en vie, même jusqu’en bas », a déclaré Alan Jamieson, le scientifique chargé de l’exploration.

Les scientifiques du Minderoo-University of Western Australia Deep Sea Research Center et de l’Université des sciences et technologies marines de Tokyo mènent des recherches sur le sujet depuis une dizaine d’années. C’est en septembre 2022, lors d’une expédition de deux mois, qu’ils ont fait cette incroyable découverte. « Nous avons passé 15 ans à la recherche de ces poissons-limaces dans les tréfonds de l’océan. La profondeur maximale à laquelle ils peuvent survivre est vraiment étonnante », raconte le professeur Alan Jamieson, qui a fondé le centre de recherche australien, dans l’annonce de ce record, publiée lundi 3 avril.

 

À cette profondeur, aucun poisson ne devrait pouvoir survivre

 

Le chef de l’expédition souligne en effet avoir trouvé ces animaux à une profondeur proche de celle où, selon lui, aucun poisson ne peut survivre. En effet, la théorie de son équipe de chercheurs est qu’à partir de 8 200 à 8 400 mètres, la température de l’eau devient si froide que le fluide présent dans l’organisme des poissons leur permettant de lutter contre la pression extrême des grands fonds ne fonctionne plus. Mais dans la fosse d’Izu-Ogasawara, l’eau est légèrement plus chaude que celle de la fosse des Mariannes, ce qui pourrait être la raison pour laquelle ces derniers ont été retrouvés dans des profondeurs plus extrêmes encore.

 

 

Rose et gélatineux

 

À cette extrémité des profondeurs, il ne reste plus que des jeunes Liparidae. Les jeunes poissons descendent ainsi le plus bas possible pour éviter de se retrouver là où leurs prédateurs peuvent survivre et les mettre en danger, explique encore le spécialiste dans le Guardian. Pour être capable de se sauver ainsi, ces drôles de poissons ont dû s’adapter physiologiquement. Déjà, ils n’ont pas de vessie natatoire, un système qui libère du gaz pour influencer le poids du poisson et ainsi le faire descendre ou monter en profondeur. Sous très haute pression, il est en effet difficile de maintenir une poche de gaz dans l’organisme. De plus, comme les chercheurs l’ont constaté en remontant quelques poissons-limaces à la surface, ils se sont débarrassés de leurs écailles, et n’ont plus qu’une couche gélatineuse rose.

Ces recherches passionnantes le long des fosses pacifiques vont continuer à nous révéler les secrets de la vie des poissons des profondeurs. « Ça m’agace lorsqu’on dit qu’on ‘ne sait rien’ sur les profondeurs. Si, on sait des choses, et les recherches avancent vite », assure Alan Jamieson à la BBC.

Source: Ca M’intéresse