Arctique : « la dernière zone de glace » pourrait bientôt disparaître
12 janvier 2021
12 janvier 2021
Les chercheurs la pensaient solide. Capable de résister longtemps au réchauffement climatique anthropique. Mais de nouveaux travaux montrent que la dernière zone de glace de l’Arctique est plus menacée qu’attendu.
Au fil des saisons, la glace de mer arctique fond et se reforme dans un cycle naturel. Un cycle naturel perturbé dernièrement par le réchauffement climatique anthropique qui touche la région deux à trois fois plus rapidement que la moyenne. Mais dans le nord de l’archipel arctique canadien et du Groenland, se trouve une région jusqu’à présent préservée. Sur des centaines de milliers de kilomètres carrés d’océan. La glace de mer la plus ancienne et la plus épaisse du monde. Une région que les scientifiques appellent « la dernière zone de glace ».
L’ennui c’est que des chercheurs de l’université de Toronto (Canada) suggèrent aujourd’hui que cette dernière zone de glace — celle que l’on imaginait pouvoir constituer un refuge pour les ours polaires ou les morses — pourrait être plus menacée qu’on le pensait. Selon eux, avec le réchauffement climatique, cette glace de mer pourrait non seulement fondre, mais même flotter vers le sud pour fondre plus rapidement encore au contact d’une eau plus chaude.
Grâce à des données satellites très précises, les chercheurs ont pu étudier les arches de glaces qui maintiennent la banquise dans la région. Et le long du détroit de Nares — un passage de l’océan Arctique situé entre l’île Ellesmere et le Groenland –, ces arches apparaissent de moins en moins stables.
Des arches de glace fragilisées
Rappelons que ces arches de glace se forment lorsque la température baisse. Des plaques de glace convergent sur le détroit de seulement 40 kilomètres de large. Elles parviennent ainsi à bloquer le mouvement de la glace pluriannuelle. L’empêchant de filer du nord vers le sud. Mais au cours de ces vingt dernières années, les chercheurs observent que ces arches se désagrègent de plus en plus tôt dans l’année.
« Avant, les arches de glaces persistaient environ 200 jours par an. Aujourd’hui, elles ne sont plus présentes que sur quelque 150 jours », commente Moore, physicien de l’atmosphère, dans un communiqué de l’université de Toronto. Le résultat tout simplement d’une glace plus mince, pensent les chercheurs.
Ainsi une nouvelle menace semble planer sur l’ensemble de l’écosystème local. Sans glace de mer, ce ne seront pas que les ours polaires qui souffriront. Celles que l’on appelle les algues de glace et qui participent au cycle du carbone, de l’oxygène et des nutriments dans la région pourraient disparaître également. Mettant en péril le fragile équilibre local. Une action à l’échelle locale ne sera pas suffisante à inverser la tendance. « La seule chose que nous pouvons faire, c’est de refroidir la planète. Ensuite, nous espérons que les arches se reformeront naturellement et que la dernière zone de glace agira comme une sorte de graine pour aider la glace de mer à se reconstituer », conclut Kent Moore.
Source : Futura Planète