« En paix avec les requins », le doc Netflix sur Ocean Ramsey, la biologiste star qui s’accroche à leur aileron
18 juillet 2025
18 juillet 2025
Nager avec des requins pour mieux les défendre : c’est le pari radical d’Ocean Ramsey, biologiste hawaïenne devenue phénomène sur les réseaux sociaux. Netflix lui consacre un documentaire, « En paix avec les requins », qui explore les coulisses de son combat, entre activisme, controverse et stratégie d’image.
ous êtes sans doute déjà tombé sur ses vidéos virales : une femme en apnée, effleurant un requin-tigre ou s’accrochant à l’aileron d’un grand blanc. Cette femme, c’est Ocean Ramsey, biologiste marine hawaïenne et figure clivante de la cause animale. Netflix lui consacre un documentaire de 90 minutes, « En paix avec les requins » (« Shark Whisperer »). Réalisé par James Reed (« La Sagesse de la pieuvre« ), J.P. Stiles et Harrison Macks, le film plonge dans son quotidien, entre activisme et stratégie médiatique. Derrière ces images spectaculaires, il questionne également la frontière entre influence et éthique, et documente les tensions autour de la défense des squales.
Ocean Ramsey, biologiste marine et apnéiste originaire d’O’ahu, Hawaï, est connue pour ses interactions rapprochées avec les requins, notamment les grands requins blancs et des requins-tigres. Son but est de changer la perception négative de ces prédateurs. Le documentaire la suit dans ses plongées sans cage, où elle nage aux côtés de ces animaux pour démontrer qu’ils ne sont pas les monstres mangeurs d’hommes souvent décrits.
Ces images spectaculaires, souvent filmées par son mari Juan Oliphant, sont le fruit de plusieurs décennies de travail et de passion pour les océans et leurs habitants. Au fil de ses innombrables plongées, la biologiste de 38 ans a d’ailleurs pu identifier et répertorier des centaines d’individus – un travail colossal très utile pour la recherche scientifique.
L’Américaine est à l’origine, après un combat acharné de plusieurs années, de la promulgation d’une loi à Hawaï interdisant de tuer les squales – une première pour un État américain. Comme elle le rappelle, près de 100 millions de requins sont tués chaque année, principalement pour leurs ailerons, tandis que les attaques de requins sur l’homme restent extrêmement rares.
Elle a également cofondé One Ocean Diving, une entreprise basée à Hawaï qui facilite les plongées avec la faune marine, dans le but de sensibiliser le public à la conservation des squales.
Avec plus de 2,2 millions de followers sur Instagram, Ocean Ramsey exploite les réseaux sociaux pour diffuser ses messages. On la voit nager au plus près des espèces les plus dangereuses de squales, les touchant et s’accrochant même à leur aileron dorsal. Elle défend cette approche, affirmant que l’attention et l’émotion suscitées par ses vidéos sont un levier efficace pour la conservation.
Mais ce discours est loin de faire l’unanimité. Certains scientifiques interrogés dans le documentaire estiment ainsi que ses méthodes peuvent être dangereuses, tant pour elle que pour les animaux, et qu’elles pourraient encourager des comportements imprudents chez d’autres plongeurs.
Grâce à ses nombreuses plongées, Ocean Ramsey dit avoir réussi à déchiffrer le langage corporel des squales, qui effectuent « une danse, telles des abeilles », pour communiquer : nage en parallèle, requins qui se percutent pour jauger l’autre, individus plus petits nageant sous les plus impressionnants etc. Tout comme la primatologue Jane Goodall avec les chimpanzés, la plongeuse a donné des noms aux requins rencontrés, chacun doté d’un caractère propre, avec qui elle affirme avoir noué de véritables liens.
Ocean Ramsey explique aussi comment certains signaux comportementaux permettent d’anticiper l’agressivité potentielle d’un individu. Elle détaille comment elle adapte sa posture (angle, immobilité, contact contrôlé) pour désamorcer les tensions, ou faire passer un message à l’animal auquel elle fait face.
Parmi les nombreux requins montrés dans le documentaire, deux retiennent particulièrement l’attention. Il s’agit d’une part de Deep Blue, une femelle grand blanc estimée à plus de 6,1 mètres de long et pesant plus de deux tonnes. Identifiée pour la première fois au large de l’île Guadalupe au Mexique, la femelle fait une apparition surprise dans les eaux hawaïennes alors qu’Ocean et son mari filmaient des requins-tigres se nourrissant sur une carcasse de cachalot.
L’une des scènes fortes du film montre ce superprédateur gigantesque évoluer pendant plus de 30 minutes sans manifester de comportement agressif, laissant même la jeune femme s’accrocher à son aileron. « Si elle nous voyait comme des proies, elle nous aurait déjà attaqués », commente-t-elle. Ces séquences, à l’opposé de celles des « Dents de la mer« , ont fait le tour du monde et contribué à redorer l’image de l’espèce. Ocean Ramsey affirme même qu’elles ont eu un impact décisif sur l’opinion publique. Quelques jours plus tard, en 2019, une loi interdisant de les tuer était finalement adoptée à Hawaï – après des années de refus.
L’autre squale vedette est une femelle requin-tigre nommée Roxy. Facilement identifiable, elle présente une mâchoire déformée à cause d’une fracture causée par un hameçon, emblème des dégâts causés par la pêche. Bien plus qu’une différence physique, ce handicap a failli lui coûter la vie, l’empêchant de se nourrir correctement, et de se défendre. Mais, contre toute attente, et malgré de nombreux obstacles, elle a réussi à s’adapter et à survivre.